par Mike et Robin Schadle
SouthWestern Michigan Aquarium Society. Tiré du SWAM, numéro de Juillet/Août 2003
Aquarticles
Traduit de l'anglais par Tom

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D'abord quelques bases. Les "goodéidés" sont des vivipares de la famille des goodeidae qui sont trouvés exclusivement dans les eaux des plaines centrales du Mexique. Ce sont des poissons vivant en altitude et dans des eaux relativement fraîches (en d'autres termes débranchez le chauffage pour économiser de l'électricité). La température de la pièce leur convient très bien et si vous les maintenez à des températures trop chaudes ils risquent d'arrêter de se reproduire. Dans leur milieu naturel ils peuvent être trouvés dans tout type d'eau, cela allant des marais d'eau stagnante aux grands cours d'eau. En les regardant bien vous pouvez savoir de quel milieu ils viennent : les plus gros avec un corps fuselé sont ceux venant de rivières, ceux plus petits et avec un corps plus ramassé venant de points d'eau plus calmes. Les eaux sont généralement alcalines et peuvent aller jusqu'à très dures. En aquarium, tout ce qui n'est pas " doux et acide " conviendra.

Même si vous pouvez les nourrir avec des nourritures sèches, les goodeidae sont très friands de distribution régulière de nourriture vivante. Les daphnies ont toujours eu ma préférence, mais je leur ai aussi donné des vers blancs (faciles à cultiver), des vers noirs (faciles à se procurer, mais il faut prendre soin de bien les nettoyer), des nauplies d'artémias et des artémias adultes. Les nauplies et les daphnies sont particulièrement importantes pour que les alevins commencent bien leur croissance. Nourrir avec des nourritures variées permet au poisson de se procurer tous les éléments nutritionnels dont il a besoin.

L'appellation "vivipares" leur collant à la peau, les goodeidae sont souvent relégués dans des bacs trop petits pour eux, par des aquariophiles débutants. Tous les vivipares ne sont pas adaptés pour des bacs de 50 L ! Plusieurs goodeidae peuvent facilement dépasser 12 cm, et certains comme Goodea atripinnis ou Alloophorus robustus peuvent même atteindre 20 cm. Donnez à vos poissons un peu de place ! Allez dans une exposition aquariophile locale présentant des vivipares sauvages et je vous garantis que vous verrez beaucoup de poissons chétifs, ce qui prouve qu'à taille adulte ils ne sont pas du tout adaptés pour vivre dans une boule à poisson rouge. Et à mon avis le manque de place pour grandir est le principal problème dans la maintenance des goodeidae chez beaucoup d'aquariophiles. Placez-les dans un petit bac et ils se contenteront de survivre. En revanche mettez les dans un grand bac avec des espaces de nage et une bonne filtration, et là vous les verrez grandir et s'activer. Bien sûr il y a des exceptions, comme Zoogoneticus quitzeoensis, qui reste minuscule et préfère se trouver dans un petit bac. Mais la plupart du temps, si vous pensez qu'une taille de bac est adaptée à votre colonie, prévoyez au moins une taille au-dessus !

Après les avoir introduits dans un bac de taille suffisante, il faudra également faire des changements d'eau suffisamment importants et fréquents pour garder vos goodeidae actifs et prospères. Ce sont des poissons qui tombent facilement malades s'ils ne disposent pas d'une eau propre. Je possède un bac de 300 L peuplé exclusivement d'Ataeniobius toweri¸qui me font très vite savoir si j'ai oublié le changement hebdomadaire de 50 %, puisque la coloration bleue des nageoires du mâle disparaît ! Quelques instants après avoir fini de changer l'eau, cette coloration revient et reste jusqu'au changement d'eau suivant, ou jusqu'à ce que les conditions de l'eau se détériorent. Cette sensibilité aux composants azotés est une des spécificités de cette famille de poissons.

La sensibilité de ces poissons s'exprime également lors de leur transport. La qualité de l'eau peut changer très rapidement dans un sac en plastique plein de poissons, et les goodeides réagissent plus rapidement à la pollution que les autres espèces. Si un groupe se retrouve dans ces conditions, et qu'un poisson succombe, les autres risquent de suivre très rapidement. L'agressivité dans ces espaces exigus pose aussi problème, et là aussi si cela conduit à la mort d'un individu les paramètres de l'eau peuvent se détériorer très rapidement. Ma recommandation est de transporter les poissons, autres que les jeunes alevins, en sacs individuels, et de garder un œil sur eux pour remplacer rapidement un peu d'eau au moindre signe de stress.

Un bon conseil si vous débutez avec une espèce de goodeidés, est de commencer avec un groupe aussi important que possible. Je me suis aperçu qu'établir une colonie à partir d'un simple couple, ce qui malheureusement arrive souvent lorsque vous vous les procurer au cours d'une bourse, peut être difficile. Le mâle devient souvent agressif envers la femelle et peut conduire à la perte de celle-ci. Une fois que vous possédez une colonie avec des spécimens de taille variée vivant ensemble, vous risquez de vous apercevoir que vous aurez des poissons à ne plus savoir quoi en faire (et le challenge consiste à arriver à ce point !). Pour ma part je choisis généralement de ne PAS isoler les femelles gravides, afin que les alevins naissent avec les paramètres du bac de leurs parents. Avec une bonne eau, une bonne nourriture, la présence de plantes et de poissons de taille variée, les nouveau-nés ne sont généralement pas inquiétés.

Pour résumer : une eau pas trop chaude et de bonne qualité, une nourriture variée, de la place et un groupe important de spécimens de toute taille sont tout ce dont vous avez besoin pour réussir la maintenance de goodeidés. Cela semble simple, mais obtenir et maintenir ces conditions particulières est un challenge qui fait l'un des intérêts de la maintenance des vivipares de forme naturelle. Ah, au fait je ne vous ai pas parlé de leur fascinant mode de reproduction, qui mériterait de faire l'objet d'un article entier à lui tout seul. Et les quelques quarante espèces de goodeidés connus (la plupart pouvant être maintenues par des aquariophiles) ont toutes leurs particularités et leurs nuances, qu'il vous faudra apprendre à connaître pour rencontrer le succès. Mais les informations que je viens de vous fournir constituent un bon début et devraient vous permettre de partir dans la bonne direction. D'ailleurs, si je vous disais tout dès maintenant, qu'est ce que je pourrai bien écrire la prochaine fois !

Un dernier point est que beaucoup de populations et certaines de ces espèces sont en voie de disparition à cause de l'activité humaine : cours d'eau pollués, nappes phréatiques asséchées et introduction d'espèces autochtones font peser une lourde menace sur la famille des goodéidés. Le Skiffia francesae est ainsi sur le point de disparaître totalement. En tant qu'aquariophile, vous vous devez de prendre soin de ces animaux lorsque vous décidez d'en faire l'acquisition, et de faire ce que vous pouvez pour en accroître le nombre et les distribuer le plus possible pour assurer la continuité de l'espèce durant les années qui suivent. C'est bien le moins que vous puissiez faire pour ces animaux qui vous donnent déjà tellement de satisfaction !

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maj : 07/08/04