par Tom et
Pat Bridges
Publié pour la première fois dans "The Scat" - St. Catherine's
Aquarium Society, Canada. Février 1999
Aquarticles
Traduit de l'anglais par Tom
Certains poissons sont un véritable régal à garder. Vous
leur fournissez un bac propre et bien filtré, des cachettes (avec des
plantes), une nourriture diversifiée et ils s'occupent du reste. Le magnifique
vivipare Chapalichthys pardalis est un de ceux là. Ils sont originaires
du Mexique et le nom Chapalichthys provient du nom du lagon Chapal (le
plus grand lac naturel du Mexique). Ichthys signifie simplement poisson. Le
nom d'espèce pardalis renvoie aux tâches des panthères ou
des léopards. Leur corps est en effet recouvert de points noirs. Puisqu'il
fait partie de la famille des goodeidae, son nom commun pourrait être
" goodeidae léopard " [
].
Nous avons voulu ce poisson dès que nous avons aperçu pour la première fois un splendide spécimen mâle à l'exposition de Brantford il y a quelques années de cela. Peu d'aquariophiles maintiennent des goodeidae, malheureusement. Je les suspecte d'avoir échoué avant avec les Xenotoca eiseni, parfois appelés vivipares mexicains ou goodeidae aux nageoires rouges (" Red-tailed Goodeids "). Une seule expérience avec ce poisson incroyablement difficile à maintenir et extrêmement peu prolifique suffit pour attirer la méfiance dès que le nom de goodeidae est mentionné. Ce poisson, comme le Tilapia de la famille des cichlidés ne devrait pas être vendu sans le mot " attention danger " inscrit sur le sac. Le goodeidae léopard, comme beaucoup d'autres vivipares offre heureusement un visage différent.
Avec chance, nous avons trouvé un bac de jeunes pardalis à la bourse d'Hamilton l'automne dernier. L'un des mâles (reconnaissable à sa nageoire anale) n'était pas en bonne santé et dût être retiré. Mais cela nous laissait deux mâles, et une femelle plus petite. Les mâles atteignent généralement 6 cm, les femelles étant un peu plus grandes. La notre en revanche ne dépassait pas 4 cm, mais elle prouva rapidement qu'elle était suffisamment mature. En un mois elle a donné naissance à quatre gros alevins (1.2 cm). Nous les avons néanmoins ignorés sur notre cahier d'élevage, puisqu'elle était déjà enceinte lorsque nous l'avons achetée. La gestation semble durer presque deux mois.
Les pardalis, comme beaucoup d'autres goodeidae ne sont pas très prolifiques puisque ce sont de vrais vivipares. Pour les poeciliidae (guppys, xiphos, etc.), le terme de vivipare signifie simplement que les ufs sont fertilisés et éclosent à l'intérieur de la femelle avant d'être expulsés. Les bébés sont très petits mais nombreux. En revanche les ufs des goodeidae sont nourris via une sorte de placenta appelé " trophotaenia ". Ils passent beaucoup plus de temps à l'intérieur de la femelle, grandissent beaucoup plus mais sont également moins nombreux (vingt alevins constituent généralement un maximum).
Une autre différence
tient au fait que les goodeidae sont incapables de stocker la semence du mâle.
Chez les poeciilidae la femelle peut ainsi tomber enceinte plusieurs fois même
si aucun mâle n'est présent. Les goodeidae doivent, eux, se ré-accoupler
à chaque fois.
A ce sujet, l'accouplement est assez intrigant chez le pardalis. Au contraire
du gonopode du guppy, l'organe génital de ces goodeidae ne semble pas
jouer un rôle essentiel. Les scientifiques qui étudient le sujet
ont même essayé de le retirer et le mâle parvenait toujours
à féconder la femelle.
Ressemblant beaucoup aux mâles, excepté pour ce qui est de l'absence andropode et de la présence de petites bandes jaunes près de la nageoire caudale, la femelle pondit une deuxième fois. Cette fois les alevins étaient 11 et, ce qui est typique de cette espèce, ils ne furent pas inquiétés pas les adultes (je vous avais dit que c'était une espèce facile).
Une question que l'on peut se poser est : "peut-on les garder dans un bac communautaire ?". Nous n'avons pas essayé mais tout ce que nous avons lu sur le sujet suggère que l'on puisse. Une eau neutre et pas trop chaude leur convient parfaitement. Ils apprécient des changements d'eau réguliers et une nourriture variée comme la plupart des autres poissons. Ils ne s'attaquent pas à leurs propres jeunes donc ils ne devraient pas attaquer d'autres petits poissons. Si vous voulez introduire d'autres espèces faites-le avec précaution et en les observant bien. De toute façon ils sont déjà suffisamment intéressants à regarder.
Le " attention danger " viendra d'une de nos expériences il y a quelques années avec un autre vivipare : l'Ameca splendens. Il est aussi très beau et habituellement calme. Néanmoins, pour des raisons que lui seul connaissait, il attaquait parfois des corydoras (particulièrement la forme albinos de l'aneus), et leur arrachait des bouts de nageoire. Nous n'avons découvert ce mauvais caractère qu'après en avoir vendu à une animalerie locale qui les avaient placés dans un bac avec des corydoras... Oups !
maj : 04/12/04